République Démocratique du Congo: les présidentielles en ligne de mire
- Forum des Affaires Mondiales
- 28 août 2018
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En République Démocratique du Congo, les présidentielles qui se tiendront le 23 décembre prochain n’ont pas fini de déchainer les passions. Même si le dernier président, Joseph Kabila, a finalement accepté de se retirer du pouvoir, la perspective d’une passation de pouvoir apaisée et démocratique ne semble pas d’actualité.
Joseph Kabila a achevé son second mandat en décembre 2016 et avait refusé jusqu’ici de renoncer à ses fonctions présidentielles. Des manifestations s’étaient tenues en début de cette année pour réclamer son départ et l’organisation de nouvelles élections, mais elles avaient été très sévèrement réprimées par le régime. C’est avec soulagement et espoir que les citoyens congolais et la communauté internationale ont accueillis son annonce le 8 août dernier de ne finalement pas briguer de troisième mandat.
A cette occasion, il a également nommé un « dauphin », soit un candidat pour son parti, le Front commun pour le Congo: Emmanuel Ramazani Shadary. Le Courrier de Kinshasa exultait alors: “une partie de la crise politique congolaise vient de s’évaporer”. Ledjely.com avait même affirmé qu’il s’agissait de “la victoire d’une résistance acharnée d’un peuple sur les forces rétrogrades et les ambitions voraces d’un individu, entouré d’un clan d’opportunistes, tout aussi gloutons.”
C’était peut-être un peu vite dit.
La Céni, la Commission Électorale Nationale Indépendante a publié vendredi 24 août une liste des candidatures recevables à l’élection. Sur les 25 reçues, seules 19 ont été validées. Parmi les 6 candidats exclus, on peut citer le nom de Jean-Pierre Bemba, principal opposant à l’actuel président et fondateur du Mouvement de Libération du Congo (MLC). Le motif avancé par la commission est sa condamnation pour subordination de témoins. « Nous allons appliquer la loi congolaise. Celle-ci dit que la personne qui a volé ou corrompu ne peut être candidate, il en sera donc ainsi. », argumente ainsi Jean-Pierre Kalamba, rapporteur de la Céni. M. Bemba avait été acquitté par la Cour pénale Internationale après avoir été incarcéré pendant près de 10 ans pour crimes contre l’humanité.
L’opposition congolaise critique ardemment ces refus de candidatures, certains pensant même que la commission aurait été soudoyée par la majorité de l’actuel président Kabila pour rejeter certaines candidatures. D’autant qu’un autre opposant, Moise Katumbi souhaitait déposer sa candidature, mais avait été interdit de rentrer dans son pays à son passage au poste-frontière entre la Zambie et le Congo. L’ensemble des opposants à Kabila se sont dits d’ors-et-déjà prêts à une riposte.
Les défenseurs de la démocratie avaient beaucoup espéré du retrait de Joseph Kabila. C’est la première fois depuis l’indépendance du Congo qu’un président se retirait de son plein gré sans être renversé ou assassiné, Malheureusement, une véritable alternance politique n’est pas encore certaine, car beaucoup craignent que M. Ramazani, s’il est élu, reste sous la coupe de l’ancien président.
* Utilisation du masculin afin d'alléger le texte.
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