Les relations d’affaires Afrique - Canada
- Forum des Affaires Mondiales
- 19 févr. 2019
- 5 min de lecture
Le 4 février dernier, le Forum des Affaires Mondiales a commencé l’année 2019 en beauté en vous organisant une conférence avec trois invités d’exception abordant les opportunités d’affaires en Afrique.
Dr. Max Arella, Président du Conseil Canadien pour la Santé et le Développement International (CSSDI) depuis plus de 2 ans est venu partager son expertise dans le domaine de la santé lors de cet événement. Il a partagé son temps de parole avec M. Alex Bawindja; conseiller en Sécurité Financière, occupant un poste de gestion du patrimoine chez Desjardins. Ce dernier est également le Secrétaire Générale de la “Canada Africa Business Convention”. Enfin Oumar Diallo, actuellement Conseiller principal et Chef de mission Gouvernance, Risque et Conformité au sein du secteur financier chez PwC nous a fait l’honneur d’être le troisième conférencier.
Yves Abanda, jeune entrepreneur social camerounais et co fondateur de la start-up SymBioSis, a su guider avec perspicacité nos trois invités et faire participer activement l’auditoire.
Ce panel de trois intervenant a mené une discussion centrée sur les opportunités d’affaires et d’investissement en Afrique, tout en livrant son optimiste quant au future prospère envisagé pour le continent.
La vision occidentale réductrice d’aide au développement ne semble plus correspondre à l’Afrique qui se positionne aujourd’hui comme continent émergent à fort potentiel.
Les nombreux investissements chinois mais aussi italiens sur le territoire démontrent l'attractivité de la région. Un des conférenciers a su souligner la stratégie des grandes entreprises italiennes de luxe de relocalisation des ses industries textiles en Afrique afin de bénéficier d’une proximité géographique ou bien d’un savoir-faire indéniable sur certaines matières comme le cuire.
Les principaux avantages du continent qui sont ressortis de la discussion sont ceux de la démographie, le développement significatif de certains pays africains et la langue française.
Actuellement, seul un pays parmi les dix pays les plus peuplés se trouve en Afrique selon les Nations Unis (Nigéria). Néanmoins, la croissance démographique africaine représentera plus de la moitié de la croissance mondiale d’ici 2050. A l’horizon 2100, le continent comptera environ 4,5 milliards d’habitant contre 1,27 aujourd’hui. La démographie africaine s’avère un facteur de développement économique important, d’autant plus 60% de cette population a moins de 40 ans. La jeunesse africaine est donc un facteur de dynamisme pour le continent, même si celui-ci engendre une nécessité d’éducation et de formation de cette population. Il est important de souligner que les tendances actuelles démontrent des consommateurs africains d’une part en expansion mais également avec des comportements stables; un réel atout pour développer des marchés.
Certains pays africains comme le Rwanda, le Maroc et l’Ethiopie ont été cités à plusieurs reprises par nos trois invités d’honneur pour leur évolution positive et leur climat d’affaire propice. A titre d’exemple, le Rwanda s’est développé de manière spectaculaire depuis la fin du génocide et de la guerre civil il y 25 ans. Les stratégies de développement économique et de réduction de pauvreté inscrits dans le cadre du programme “vision 2020” portent désormais leurs fruits. Bombardier est quant à lui implanté au Maroc depuis 2014. Pour ce qu’il s’agit de l’Ethiopie, elle sera le premier pays après la Suisse à abriter le Forum Économique Mondial en 2020.
Souvent oublié, la langue française est un atout indéniable pour les relations Afrique-Canada. Le continent dénombre plus de 26 pays et deux îles françaises généralement considérés comme francophone. Selon l’Organisation Internationale de la Francophonie, 59,3% locuteurs quotidiens de français se trouvent en Afrique du Nord, au Proche Orient, en Afrique Subsaharienne et au niveau de l’Océan Indien.
Après avoir présenté les différents atouts du continent, la discussion s’est portée sur les secteurs présentant les plus grandes opportunités d’affaires.
Le domaine de l’agriculture est pour les 3 invités; un des domaines le plus prometteur. En effet, la culture des terres serait une des clés essentielles du développement africain promettant création d’emplois, lutte contre la famine, et le transfert de connaissances puis de technologies avec le Canada.
L’Afrique, aussi surnommée “la carrière des minéraux”, est riche en cobalte (source de l’énergie nucléaire); une autre perspective d'investissement se dresse alors pour les canadiens. La région africaine présente de nombreux besoins dans le secteur énergétique quand on sait que seulement 2 cimenteries sur 18 d’un entrepreneur sont alimentées par une centrale électrique. Ainsi, les technologies “off-the-grid” (hors réseaux) représentent un marché fortement attrayant.
La santé est enjeu significatif en Afrique. Malgré un amélioration des conditions de vie, il s’avère primordiale d’intensifier les efforts en terme de prévention et de distribution de médicament sur le territoire.
Autant de secteurs en Afrique qui ne demandent qu’à croître, que de secteurs développés et à la pointe de la technologie au Canada !
A propos du climat d’affaires en Afrique, les 3 convives ont noté une évolution positive avec un nombre plus important de gouvernement stable. Les deux maux africains en termes d’investissements sont le problème de corruption et de sécurité. La lutte contre la corruption se base sur un système de justice fonctionnel et transparent. Certains pays africains ont vu leur situation politique et juridique se stabiliser et la taux de corruption diminuer. Malgré tout, le risque 0 n’existe pas. M. Alex Bawindja, conseiller en Sécurité Financière nous a livré son expertise dans le domaine en nous informant sur l’existence des Accords sur la promotion et la protection des investissements (APIE) et de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) comme organisation intergouvernementale d’intégration juridique qui garantie une couverture pour les investisseurs.
On notera que les relations entre le Canada et l’Afrique ont connu un nouvel essor depuis l’arrivée de Trump aux Etats-Unis. La stratégie canadienne a su s’orienter davantage vers le continent africain, notamment dans l’industrie minière. Le plus grand potentiel entre les deux pays réside dans l'ingénierie et le savoir canadien face à la stratégie africaine de “leapfrog” (saut de grenouille) qui consiste à sauter d’une technologie à une autre pour s’accaparer des dernières innovations.
Par conséquent, l'entrepreneuriat semble vivre une période passionnante en Afrique que ce soit dans les domaines riches d’opportunités cités plus haut ou encore le cinéma (Nollywood) ou le tourisme.
L’enjeu majeur réside alors dans la capacité de transformer les actuels et les futures investissements canadiens pour le bien commun africain, tout en assurant profitabilité à long terme et transfert de connaissances.
Pour conclure la discussion, l’auditoire ainsi que nos 3 conférenciers se sont mis d’accord sur la force communautaire africaine, sa puissance d’entraide, sa fierté et le pouvoir de la société civile pour faire changer les choses et agir pour un développement durable et profitable à tous.
* Utilisation du masculin pour alléger le texte.
Eve Eilles
Sources:
Conférence: Afrique & Canada : relations d'affaires organisé par le Forum des Affaires Mondiales le 4 février 2019, à HEC Montréal.
Chiffres supplémentaires sur la démographie africaine:
Informations supplémentaires sur le développement rwandais:
La francophonie en Afrique:
Comments