L’Érythrée renforce sa réconciliation historique avec l’Éthiopie
- Forum des Affaires Mondiales
- 20 sept. 2018
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Le 16 septembre dernier l’Érythrée et l’Éthiopie ont signé un nouvel accord majeur dans l’histoire de leur relation diplomatique. L’accord, signé à Jeddah en Arabie Saoudite, a pour objectif de consolider la réconciliation et de renforcer la « sécurité et la stabilité » dans la Corne de l’Afrique. Étaient présents, en plus des représentants de chaque partie, Salmane roi d’Arabie Saoudite (le président de cette rencontre), son fils héritier Mohammed ben Salmane, et le secrétaire générale de l’ONU, Antonio Guterres.
Pourquoi « réconciliation » ? Le Président érythréen Issaias Afeworki et le Premier Ministre éthiopien Abiy Ahmed ont totalement mis fin le 9 juillet dernier au conflit frontalier qui opposaient leur pays depuis près de vingt ans, conflit à l'origine de 80 000 morts entre 1996 et 2000. Un rapprochement majeur dans l’histoire des relations diplomatiques des deux pays – après les accords d’Alger en 2000 et les pourparlers de juillet - qui a eu lieu sous l’impulsion de M. Ahmed, le nouveau Premier Ministre éthiopien récemment élu avril sur ses promesses de réformes.
Cet accord a donné lieu à la réouverture des ambassades à Asmara (Érythrée) et Addis Abeba (Éthiopie), au rétablissement des lignes aériennes, des relations commerciales et des lignes téléphoniques entre les deux pays. Deux postes frontaliers ont même été rouverts mi-septembre.
Les soutiens et menaces dans la région. L’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis ont largement contribué à ce rapprochement. La Corne de l’Afrique reste pour ces pays un haut lieu stratégique dans leur conflit yéménite avec les rebelles Houtis (soutenus par l’Iran), sans compter la présence de leurs bases militaires à Assad.
À ces soutiens (intéressés?) s'ajoute l'instabilité du détroit de Bab el-Manded qui sépare la péninsule arabique de la Corne de l’Afrique. Emprunté chaque jour par des dizaines de navires, ces derniers restent la cible récurrente de pirates yéménites.
Djibouti, l’autre frère ennemi. Après un rapprochement érythréo-éthiopien, un espoir de paix dans la région se profile. En effet, les 17 et 18 septembre, l’Arabie Saoudite a accueilli des pourparlers entre les présidents érythréen et djiboutien. Opposés depuis plusieurs décennies à propos là aussi d’un conflit frontalier, ce fut une nouvelle rencontre capitale.
Déjà début septembre, le ministre érythréen des Affaires Étrangères, Osman Saleh, s'était rendu à Djibouti-ville pour rencontrer son homologue Ali Youssouf et ainsi faire un premier pas vers la construction de relations diplomatiques stables et fructueuses entre les deux pays. Les retombées économiques de ce rapprochement, comme pour celui avec l'Éthiopie, seraient inespérés pour les deux parties.
Militairement, les tensions entre les deux pays avaient repris quand, en avril 2008, des troupes érythréennes ont fait une incursion en terre djiboutienne : plus précisément vers Ras Doumeira, un promontoire stratégique surplombant le mer Rouge au nord de Djibouti-ville. Ces « frères ennemis » s’étaient même affrontés pour la zone en 1996 et 1999.
Avec ces accords et rapprochements diplomatiques ainsi que la réouverture de nombreuses routes commerciales et ambassades, une pacification complète de la Corne de l’Afrique semble se profiler. Des avancées concrètes dont s'est réjouis Antonio Guterres : « Un vent d’espoir souffle sur la Corne de l'Afrique ! ».
* Utilisation du masculin pour alléger le texte.
Image venant de : https://www.journaldemontreal.com/2018/09/16/lethiopie-et-lerythree-signent-en-arabie-saoudite-un-accord-consolidant-leur-reconciliation
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