Japon : Huawei détrône Apple dans les ventes de smartphones

Forum des Affaires Mondiales
8 sept. 2018
3 min de lecture

Au deuxième trimestre 2018, le géant chinois des télécoms Huawei est arrivé n°2 des ventes de smartphones, devançant le géant américain Apple alors redescendu à la troisième place. Samsung restant en tête de ce classement.

Une "faim de loup". La volonté de l'entreprise chinoise est claire : devenir le n°1 mondial d’ici dix-huit mois, et ce malgré une interdiction de distribution sur le marché américain.

"Il est indéniable que nous serons au deuxième rang des [ventes mondiales de smartphones] l'an prochain. Il est même possible que nous soyons numéro un au quatrième trimestre 2019", avançait Richard Yu, patron de la branche produits de consommation du groupe.

Les chiffres sont assez explicites : +95 millions d’unités vendues par Huawei jusqu'à présent, soit une augmentation de 30% en un an. Le groupe avait pour objectif de vendre 180 millions de smartphones en 2018, objectif pour lequel il reste confiant et mise sur ses recherches et développement concernant la 5G et ses capteurs-photos.

De tels chiffres bousculent forcément le duopole Samsung/Apple installé déjà depuis huit ans à la tête de ce marché. L’International Data Corporation avance un nombre de vente proche de 71,5 millions d’unités pour Samsung entre avril et juin 2018 (21,9% des parts de marché), 54,2 millions pour Huawei (15,8%) et « seulement » 41,3 millions pour le géant californien sur la même période (12%).

Décroissance et ambition d’expansion, les attentes d’Huawei sont-elles réalistes ? La croissance du groupe chinois est d’autant plus impressionnante que le marché mondial a baissé de 1,8% au deuxième trimestre 2018. Un essoufflement des ventes dû à une saturation du marché et une concurrence de plus en plus rude. Mais Huawei a une vision des affaires bien rodée et particulière : la marque a en effet une stratégie propre à chaque pays dans lequel elle s’implante, tout en proposant des smartphones à moindres coûts qui sont alors les concurrents directs de smartphones sud-coréens et californiens bien plus onéreux.

Cependant, cette ambition de devenir « n°1 au quatrième trimestre 2019 » peut s’avérer compliqué dans les faits :

1- Comme expliqué précédemment, le marché mondial s’est essoufflé pour plusieurs raisons et les experts ne s’attendent pas à un retournement de tendance avant une décennie (et l’arrivée d’innovations majeures dans le secteur).

2- La concurrence est rude comme le montre le classement des parts de marché du secteur : où Oppo, par exemple, une enseigne chinoise arrivée il y a sept ans et qui compte déjà 8,6% du secteur (5e position).

3 - Huawei est absent du 3e marché mondial : celui des États-Unis. En effet, le géant chinois s’est vu interdire la distribution de ses smartphones sur le sol américain par le gouvernement Trump, ce dernier soupçonnant un espionnage chinois.

Huawei, fondé par un ancien ingénieur de l’armée chinoise, s’est déjà vu refusé de nombreux projets d’envergures concernant les infrastructures américaines : la raison de la sécurité nationale ayant été invoquée. En début d’année, les plus gros opérateurs des États-Unis (AT&T, Verizon et BestBuy) ont même renoncé à vendre les smartphones du chinois.

En réaction, Huawei s’est concentré sur ses ventes européennes où il regroupe 10% des parts de marché, contre 25%-30% pour le duo Apple/Samsung.

La prochaine présentation annuelle d'Apple - très attendue et prévue d'ici la fin du mois - viendra-t-elle bousculer ce nouveau duopole Samsung/Huawei, ou confirmer la 3e place du géant américain?

* Utilisation du masculin pour alléger le texte.

Margaux Dhuicq