Inde : 4 millions d’habitants considérés comme apatrides
- Forum des Affaires Mondiales
- 8 sept. 2018
- 2 min de lecture
Le 30 juillet dernier, les autorités de l’État de l’Assam, dans le nord-est de l’Inde, ont publié une liste d’habitants considérés comme citoyens indiens. Ceux qui n’y figurent pas, musulmans pour la plupart, sont d’ores-et-déjà considérés comme apatrides.
Dirigé depuis 2 ans par le BJP (le Parti du Peuple Indien), l’état indien frontalier avec le Bangladesh avait dit vouloir régler le différend frontalier qui l’oppose à son voisin. Le parti nationaliste hindoue (dont fait partie le Premier Ministre indien Narendra Modi) avait la velléité de s’en prendre aux musulmans Bangladais accusés d’être entrés illégalement sur le territoire indien, lors de la guerre d’indépendance du Bangladesh en 1971. Cette volonté a été réalisée avec la publication de ladite liste, remise à la suite à la Cour Suprême.
Le projet de Registre National des Citoyens (NRC), appuyé par New Delhi, recense les habitants ainsi que les informations concernant leur citoyenneté avant 1971. L’état avait donc en théorie les moyens de faire une telle démarche. Les personnes ne figurant pas sur cette liste représentent 4 millions de personnes, soit environ 12% de la population de l’Assam. Sans citoyenneté, leur futur est plus qu’incertain, puisqu’ils risquent se voir privés de leurs droits civiques, politiques, sociaux et économiques, comme le souligne de Hindustan Times. Les autorités indiquent qu’ils auront jusqu’au mois de décembre pour « prouver leur citoyenneté indienne ».
Si on ne parle pas encore de génocide comme pour les milliers de Rohingyas privés de leur citoyenneté birmane, de nombreux observateurs se demandent si ce ne serait pas une démarche déguisée pour s’en prendre aux musulmans. “La loi prévoit que les immigrés illégaux arrivés en Inde après l’indépendance du Bangladesh, en 1971, ne peuvent pas être déportés dès lors qu’ils sont hindous, jaïns, sikhs, bouddhistes, zoroastriens ou chrétiens”, précise le site d’informations Scroll. Un camp avec une capacité de 3 000 places a été construit et accueillera très probablement les habitants non éligibles à la citoyenneté indienne. Il faut savoir qu’il existe déjà 6 camps comme celui-là dans l’Assam, qui accueillent aujourd’hui près de 85 000 « étrangers ».
Des initiatives comme celle-là pourraient encore voir le jour dans d’autres états indiens où le BJP est au pouvoir. Le ministre de l’Intérieur indien se veut pourtant confiant, affirmant qu’ « aucune action contrainte ne sera exercée contre quiconque ». « Il n’y a donc aucune raison de paniquer ».
* Utilisation du masculin pour alléger le texte.
Paola Cura
Sources :
Comentarios