Chine : Google prêt à censurer pour être acheté
- Forum des Affaires Mondiales
- 6 août 2018
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Attiré par l’alléchant marché de 772 millions d’internautes, Google aurait décidé de céder à la censure du gouvernement chinois, selon des révélations de The Intercept. Depuis 2010, la firme avait retiré son activité principale de Chine en refusant de censurer certaines recherches. Selon des sources internes, le projet appelé « Dragonfly » (la libellule en français) impliquerait la création d’une application Android, déjà présentée aux autorités chinoises et dont la version finale devrait être disponible d’ici 6 à 9 mois. Cette application serait parfaitement conforme aux restrictions imposées par le système de censure du parti de Xi Jinping, couramment nommé The Great Firewall (La Grande Muraille virtuelle en français). Selon le même magazine, l’application censurera automatiquement le ou les résultats d’une recherche sensible.
Le dilemme En 2010, Google avait retiré son moteur de recherche du pays sans pour autant retirer l’ensemble de ses activités. Cette décision avait été prise par le précédent PDG et son cofondateur Sergei Brin. D’origine russe, il était né dans l’Union Soviétique et était donc particulièrement sensible aux problèmes de la censure. À la tête de l’entreprise depuis 2015, Sundar Pichai, d’origine indienne, s’est lui montré bien moins réticent que son prédécesseur en désirant un rapprochement avec le marché chinois. Dans le cas de Google, il semble que la firme ait donc mis fin au dilemme entre considérations morales et appât du gain, dilemme auquel font aussi face Microsoft et Apple. Le Wall Street Journal nuance pourtant en rappelant que même si des discussions ont déjà eu lieu, le retour définitif de Google en Chine n’est pas pour tout de suite.Apple avait déjà fait certaines concessions fin 2016, lorsque la firme avait supprimé de son App Store l’application du New York Times. En juillet 2017, Apple était même allé plus loin en supprimant les VPN, les réseaux privés virtuels, qui permettaient jusque-là aux utilisateurs chinois de contourner la censure.
« Aucun résultat »En Chine, certains sujets sont bloqués par les plateformes de recherche. Notamment tout ce qui attrait aux opposants politiques, à la liberté d’expression, au sexe, aux études académiques et universitaires, à l’anticommunisme, aux dissidents, au massacre de la place Tiananmen, etc. De plus, des médias sociaux ainsi que des journaux sont également inaccessibles aux internautes chinois, comme Facebook, Twitter, The New York Times ou Wall Street Journal. Patrick Poon, un chercheur d’Amnesty International se montre particulièrement inquiet face au projet Dragonfly : « Le plus grand moteur de recherche du monde qui se soumet à la censure en Chine, c’est une victoire pour le gouvernement chinois. Ça envoie le message que désormais personne ne prendra la peine de contester la censure. » La censure de tous les sujets qui pourraient déstabiliser le parti communiste ou le gouvernement s’est intensifiée sous l’influence de l’ambitieux Xi Jinping, secrétaire général du parti communiste chinois depuis 2012 et président de la République populaire de Chine depuis 2013. En 2017, il censure par exemple Winnie L’ourson du web chinois, sans doute exaspéré des innombrables montages photos et parodies qui l’associaient au personnage de dessin animé.
* Utilisation du masculin pour alléger le texte. Paola Cura

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