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Venezuela : un fragile équilibre mis à mal depuis quelques mois

  • Photo du rédacteur: Margaux Dhuicq
    Margaux Dhuicq
  • 2 sept. 2017
  • 3 min de lecture

Le Venezuela est en proie à l’une des plus importantes crises politiques de son histoire. Depuis maintenant plus de quatre mois, les manifestations hostiles au président actuel, Nicolas Maduro, se muent parfois en véritables émeutes. Les événements ont fait près de 115 morts jusqu’à présent ... soit quasiment une victime par jour.


La majorité au Parlement change de camp. En janvier 2016, l’opposition vénézuélienne a décidé de se regrouper sous une seule et même bannière : la Table pour l’Unité Démocratique (MUD). Cette coalition de centre droit a accédé à la majorité, mettant fin à 17 ans de majorité chaviste, et entend mener de nouveaux combats contre un socialisme vénézuélien qui semble s’essouffler.


Une séparation des pouvoirs qui n’existe plus. La cour suprême de justice vénézuélienne (TSJ), qu’on dit proche du gouvernement Maduro, n’a depuis cessé d’invalider chaque texte émanant du Parlement, allant même, fin mars 2017, jusqu’à s’arroger certains pouvoirs pourtant constitutionnellement propres à la représentation nationale. Au sein du gouvernement, aucun commentaire ne fuite, on observe un silence radio quasi parfait. A l’exception près de la procureure générale, Luisa Ortega, qui dénonce une « rupture de l’ordre conventionnel ». Depuis, face aux pressions pro-Maduro et aux critiques gouvernementales dont elle fait l’objet, cette chaviste de la première heure a décidé de demander la protection diplomatique en Colombie.


Une conjoncture économique défavorable. A cette opposition grandissante, s’ajoute une chute record du cours du pétrole depuis 2014. Or, pour un pays qui dispose des plus grandes réserves d’or noir sur Terre et dont 95% des devises étrangères viennent de ce commerce, les conséquences sont inévitables. Baisse des importations, pénuries alimentaires et médicamenteuses se succèdent, touchant directement la population et les personnes les plus fragiles. Un secteur secondaire quasi totalement à l’arrêt, dû à l’absence de matières premières et une baisse du PIB oscillant entre 10,5 et 12% selon les estimations officieuses. Outre les pénuries, les consommateurs ont également vu leur pouvoir d’achat lourdement chuter : en 2017, avec 720% d’inflation, le Venezuela est le premier pays au monde avec un tel taux astronomique. Cela signifie qu’un kilogramme de farine vendu 2 boliviano (monnaie nationale) hier... en vaut aujourd’hui 16,4 !


« Complots ou véritables lacunes présidentielles ? » Face aux soulèvements et pour expliquer les décisions de la TSJ, le Président Maduro dit être victime d’une « guerre économique » que les milieux d’affaires vénézuéliens et plus largement sud-américains se livreraient. Une guerre qui aurait pour but de déstabiliser sa présidence et d’en venir à un coup d’Etat. Maurice Lemoine, ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique et spécialiste du Venezuela, appuie en partie cette explication toute en nuançant les accusations du président vénézuélien. Le journaliste confirme d’abord qu’au Venezuela « le secteur privé du pays n’a jamais accepté le rôle prépondérant de l’Etat dans l’économie », et que ni Hugo Chavez ni Nicolas Maduro n'ont réussi à sortir le pays de sa dépendance aux pétrodollars. Toutefois, l’ancien rédacteur en chef interpelle sur la réalité de certains secteurs comme celui de la pharmaceutique : « L'industrie pharmaceutique en 2004 a reçu 608 millions de dollars pour pouvoir acheter des médicaments de l'étranger. Il n'y avait pas de pénurie de médicaments à l'époque. En 2014, le secteur a reçu 2,4 milliards de dollars et pourtant il y a une vraie pénurie de médicaments aujourd'hui ». Enfin, Maurice Lemoine verrait dans la crise actuelle vénézuélienne une forme de « sabotage des réseaux de distribution par le secteur privé », qu’il explique par un secteur « proche idéologiquement de l'opposition ».


Une Assemblée Constituante qui divise. Afin d’apaiser les tensions, le président vénézuélien a annoncé fin juillet un scrutin exceptionnel pour la composition d’une Assemblée Constituante. Supérieure à tous les pouvoirs y compris celui du président, composée de 545 membres et installée au siège du Parlement - pourtant QG du MUD depuis 2016 – elle dispose d’un mandat à durée indéfinie. L’opposition dénonce ici une « institution ne visant qu’à prolonger le pouvoir de M. Maduro » - dont le mandat s’achèvera en 2019. Ce dernier a de son côté qualifié d'historique le scrutin, affirmant que la nouvelle Assemblée était « née avec une grande légitimité populaire ». En effet, selon les autorités plus de huit millions d'électeurs, soit 41,5 % du corps électoral, ont participé au vote, plus que les 7,6 millions de voix réunies par l'opposition le 16 juillet, lors d'un référendum contre le projet de Constituante. Chaque camp contestant les chiffres de l'autre, créant indirectement de nouvelles manifestations et violences.





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