Cuba : une île (encore) sous embargo et en plein essor

Margaux Dhuicq
15 févr. 2018
2 min de lecture

Longtemps connue surtout pour l’embargo qui l’étouffait ainsi que le sens de la débrouillardise de ses habitants, Cuba redevient aujourd'hui, avec ses plages de sable blanc et ses maisons colorées, une destination de choix pour tous les nord-américains à la recherche de vacances ensoleillées, proches et abordables.

Histoire. Prisonnière du pesant embargo du voisin américain depuis les années 60, l’île a retrouvé son souffle au début des années 2010, grâce au soutien de la communauté internationale et du président Barack Obama. Ce dernier ayant supprimé la plupart des restrictions qui constituaient embargo. Une succession de décisions qui l’a logiquement fini par amener jusqu’à La Havane, en mars 2016, pour la première visite officielle américaine sur le territoire cubain depuis 1928.

Tourisme. Malgré les attraits touristiques de l’île, 2017 n’a pas été l’année la plus propice au développement de son tourisme : avertissements lancés par l’administration de Donald Trump aux voyageurs américains, ouragan Irma... autant d’événements qui ont endommagé les infrastructures et nuit à la réputation de l’île. Et pourtant le Ministère du Tourisme cubain soulignait pourtant, en novembre dernier, que la barre des quatre millions de touristes avait été franchie « avec 54 jours d’avance par rapport à 2016 ». Des chiffres qui lui permettait d’estimer un nombre record de touristes pour l’année 2018, à près de cinq millions.

Économie. Cuba reste partiellement étouffée économiquement, car l’embargo – sous une forme plus souple qu’en 1960 - n’est officiellement pas supprimé. Mais, à l’instar des économies insulaires de la planète, 85% de l’économie est fondée sur le tourisme. Un secteur d’activité qui lui rapporterait, en moyenne, trois milliards de dollars par an.

Et preuve de sa nouvelle ouverture internationale, l’île est également convoitée par les investisseurs asiatiques et européens : début janvier la haute représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a en effet annoncé des accords de coopération bilatéraux dans « les domaines de l'énergie renouvelable, de l'agriculture durable et de la culture » pour un montant total de 49 millions d'euros.

Politique. Dans l’inconscient collectif, il ne peut y avoir de Cuba sans son emblématique « Che » : Ernersto Guevara. Yoani Sanchez souligne pertinemment l’ampleur de cette intérêt pour le combattant révolutionnaire, dans son édito du Monde fin janvier : « Ernesto Guevara, l’Argentin (...) a captivé les cinéastes, les écrivains et les journalistes (...) ». Mais nombreux sont les chercheurs et historiens à remettre aujourd’hui en cause une telle fascination, mettant en avant le « personnage qu’il était vraiment » ainsi que le « business du souvenir » qui l’entoure.

En France, la mairie de Paris organise jusque fin février une exposition sur le leader communiste. Mauvais timing ? Peut-être ... si l’on rappelle que l’île a récemment repoussé de deux mois les élections qui devraient mettre fin à six décennies de présidence des frères Castro (Fidel Castro – de 1959 à 2008, puis Raùl Castro de 2008 à aujourd’hui).

Ainsi, au fil du temps, Cuba a néanmoins continué de se développer, essentiellement grâce au tourisme et à l’envoi d’argent de Cubains depuis l’étranger à leurs familles. Une opportunité économique que ni les investisseurs ni les touristes ne sont prêts à laisser passer. D’autant plus que le pouvoir semble vouloir amorcer un certain renouveau politique.

Margaux Dhuicq

* Utilisation du masculin afin d'alléger le texte.