Pan-Afrique : les primatologues du continent s’unissent pour sauver les singes
- Margaux Dhuicq
- 12 sept. 2017
- 2 min de lecture
Un grave constat. A l’heure actuelle, les différents centres mondiaux de recherches en primatologie affirment que - malheureusement - plus de la moitié des espèces de primates en Afrique est menacée d’extinction. Un chiffre qui peut s’élever jusqu’à 85% à Madagascar, par exemple.
Sans compter les nombreux territoires où les populations de singes semblent en déclin irréversibles : durant ces vingt dernières années, 90% de la population des chimpanzés a disparu en Côte-D’Ivoire (Pr Inza Koné, directeur de la recherche et du développement au Centre Suisse en Côte-D’Ivoire).
Causes et politique. La disparition de ces animaux semblent s’expliquer d’elle-même : niveau de chasse supérieur à un prélèvement cynégétique (quota de prélèvement maximum) permettant le renouvellement, braconnage, déforestation (sylviculture, création de mines, urbanisation galopante...).
Un objectif clair. Face à ces constats, 150 primatologues africains se sont réunis du 25 au 27 juillet, près d’Abidjan, pour créer la première Société Africaine de Primatologie (SAP). Rose-Marie Randrianarison est primatologue à l’université d’Ankatso (Antananarivo) et spécialiste des indris (de petits singes aux poils très foncés). Elle est spécialement venue de Madagascar pour participer à cette rencontre et les échanges avec ses collègues congolais et bénins lui ont notamment permis de comprendre « l’importance de la politique » dans les stratégies de protection... un facteur pourtant peu déterminant auparavant.
Naissance de la SAP. Toutefois, il faut savoir que la primatologie africaine est un domaine majoritairement dominé par les scientifiques nord américains et européens. C’est fort de ce constat que ces experts africains voient dans la SAP quatre opportunités majeures :
un lieu d’échanges et d’expérience,
un réseau sans précédent en Afrique,
une formation interne des étudiants pour leur donner envies et ambitions,
un canal de communication africain concernant la situation des primates sur le continent.
Ces objectifs ont également été pensés afin de venir pallier des problèmes quotidiens rencontrés sur le terrain. Au Nigéria, par exemple, la région du Delta reste un espace très pétrolifère et en moins de vingt ans, la population des colobes rouges (singes aux longs poils blancs et rouges) a été divisée par dix ! Entre les multinationales à la recherche de matières premières et les primatologues soucieux de la préservation des singes, la SAP souhaite venir apaiser les tensions et créer des débats sérieux et constructifs.
Des ressources sous-utilisées. De nombreux supports, autrefois relégués au second plan, viennent aujourd’hui accompagner la SAP. On compte notamment :
la Société Internationale des Primates (SIP),
l’organisation du premier festival mondial du lémurien en 2014,
mais aussi l’exemple du Brésil, pays comptant un seul primatologue dans les années 70. Un constat qui a amené le pays à encourager la matière et éveiller les consciences sur les primates. Un projet qui a aboutit à la formation de plus d’une centaine de primatologues en une décennie.
Une réalité qui rattrape. Les primates connaissent depuis une vingtaine d’années une période de décroissance démographique qui semble inéluctable. Si les raisons sont connues, les scientifiques font souvent face à des enjeux économiques qui prennent le dessus sur la responsabilité écologique et l’éveil des consciences. Mais cette difficulté n’est peut-être pas propre au combat mené par les primatologues panafricains. L’enjeu aujourd’hui pour ces derniers étant que la SAP acquière avec le temps l’influence et les financements dont elle aura besoin pour mener à bien sa mission.

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