Interview - Président du CA de la Chambre de Commerce latino-américaine du Québec
- Margaux Dhuicq
- 2 oct. 2017
- 5 min de lecture
Aujourd’hui cela fait 4 mois environ que vous avez pris la tête de la Chambre de Commerce latino-américaine du Québec, si vous deviez définir vos trois grands objectifs pour cette organisation pionnière, lesquels retiendrez-vous ?
On a besoin d’être représentatif de la communauté latino-américaine au Québec, donc notre premier axe de développement ça va être l’appartenance à la chambre.
On veut quadrupler la quantité de membres de la chambre et on avait des catégories qui étaient très générales, et on veut aussi aller chercher aussi par exemple des étudiants, on veut aller chercher des membres de corporations qui ne sont pas latino-américaines mais qui ont un intérêt particulier pour la communauté latino-américaine ou le marché latino-américain.
Le deuxième axe c’est le développement de relations formelles avec les grandes compagnies québécoises, avec les grands donneurs d’ordre (banques, réseaux de communication, gouvernement...). Et même si les relations sont déjà bonnes, on veut développer ça en conséquence de la représentativité qu’on devrait avoir.
Puisque ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a plus de 150 000 latinos américains au Québec, ce qui en fait la deuxième plus grande communauté éthnique dans la province.
Vous avez fait vos études au Mexique et avait débuté votre carrière dans le réseau CNN entre autres, en tant que producteur-coordonnateur de la section des nouvelles : quelles sont les trois moments qui vous ont le plus marqué durant ces mois ?
La première c’est le moment de mon embauche parce que c’était vraiment très difficile d’entrer, il a fallut que je me lance un petit peu dans le vide. Et ça a fonctionné donc ça c’est le premier constat que j’ai fait que prendre des risques ça paie. Même si ça fait très peur.
Le deuxième c’est le constat que en nouvelles, et en général à la télévision, tu peux être le héros un jour et être sans travail le jour d’après. Ca veut dire que c’est très immédiat, très en vogue avec la culture électronique d’aujourd’hui. On cherche une réponse immédiate, c’est un milieu qui a toujours été comme ça. Aujourd’hui tu as le scoop du jour, tu as un appel du directeur général de CNN pour te féliciter, deux jours après tu commets une erreur et tu te retrouves avec ta petite boîte dehors.
Le troisième c’est une phrase que le directeur à l’époque nous avait dit, c’est quelque chose qui a impacté le reste de ma carrière, c’est « En télévision les excuses ne font pas d’antenne ». Donc ça veut dire que même si t’as de très bonnes raisons et des excuses très valables, pour les dire à ton auditoire tu ne peux pas. Si tu as dit que tu allais faire quelque chose tu dois le faire.
Après cette expérience dans le milieu de la production, vous décidez d’intégrer la compagnie Grupo Asercom, dans laquelle vous restez plus de dix ans cette fois. Vous terminez au poste de directeur commercial, les raisons qui vous ont poussé à accepter ce challenge ?
En fait j’ai commencé avec Grupo Asercom à l’époque le fondateur et président général m’avait offert un poste parce qu’on se connaissait et pour moi c’était très très nouveau. Et au fur et à mesure que j’ai grandit au sein de la compagnie, on l’a fait grandir ensemble : la compagnie est passée de 35 personnes à plus de 350.
Eventuellement, le type d’offre de travail que j’étais en train de recevoir de l’extérieur était très intéressante, alors pour rester avec Asercom ce qu’on a fait c’est qu’on m’a offert de devenir partenaire et directeur commercial. Et j’ai accepté avec plaisir, même si c’était pas moi qui avait fondé la compagnie, j’ai participé à sa croissance, j’ai vu plein de monde passer dedans, grandir etc...
Je continue d’être en contact avec la plupart de mes collègues, je continue d’être un peu un ambassadeur de Grupo Asercom, même si on n’a plus une relation formelle/professionnelle.
C’était votre première expérience professionnelle dans la région de Montréal, pourquoi venir si loin de votre pays natal ?
Ce qui c’est passé c’est que quand on a décidé de venir au Canada – c’était une décision familiale – une des options était d’arriver et de chercher un travail.
Et une autre option qui a été mise sur la table par mon partenaire, c’était de lancer une entreprise. Alors je me suis dit pourquoi pas, autant essayer.
Et au début ça n’a pas bien marché, donc c’était un choix. Est-ce que je le referais ? Probablement, parce que j’ai beaucoup appris. Mais ce n’était pas le résultat espéré.
Autre le fait justement de s’être lancé complètement dans une nouvelle aventure à partir de rien, qu’est-ce qui vous a permis de vous épanouir et de vous intégrer à Montréal ?
Je crois que c’est le réseautage. Très tôt dans ce processus d’intégration, même si mon réseau était principalement développé au Mexique, j’ai participé ici à des 4@7, des 5@8... pour enrichir mon réseau.
Il faut savoir aussi qu’en réalité la langue n’est pas un grand obstacle, c’est quelque chose à laquelle on se fait rapidement.
Saut de page
Quel a été votre plus grand défi professionnel ?
Je pense que ça a été de suivre le leader : quand on est dans une entreprise, un comité d’administration, même si on a un avis différent, même si on a argumenté contre son leader, il faut savoir accepter les décisions et mettre toutes ses compétences dans son mandat.
Après cinq ans chez AIG, vous avez décidez de fonder Ecolocasket : trois raisons qui vous ont amené à sortir si radicalement de votre zone de confort ? Trois défis auxquels vous avez été confrontés dans ce nouveau métier et que vous aviez déjà connu lors de vos précédents emplois ?
Lorsque je travaillais chez AIG j’avais un mandat de consultant et dans ce milieu tu te mets souvent à la place du client, de ses envies, de ses attentes : tu enfiles le chapeau de ton client. Mais je trouvais qu’il y avait un manque d’initiatives dans ce métier, j’ai donc commencé à chercher d’autres challenges et opportunités.
Puis un jour j’ai lu un article dans le National Geography à propos de la quantité de métaux lourds et rares qu’il y avait dans le sol à cause des cercueils et des urnes. Ca m’a interpellé et après quelques recherches et discussions, j’ai décide de créer Ecolocasket : une entreprise proposant des cercueils et urnes 100% biodégradables. L’entreprise est un peu en stand-by actuellement, mais elle est créé, présente et bientôt elle aura assez de financements pour s’installer et fonctionner durablement.
Si aujourd’hui vous deviez donner trois conseils à des étudiants d’HEC que leur diriez-vous ?
Je leur dirai d’essayer, parce que même s’ils échouent ce n’est pas définitif et ils en apprendront beaucoup. L’échec est un peu un tremplin au final si on l’utilise.
Et puis je leur conseillerai d’aller chercher un, deux, trois mentors : des mentors complémentaires entre eux et avec vous.
* Un grand merci à La Chambre de Commerce latino-américaine du Québec & à Manuel Ribeiro, pour leur soutien et leur disponibilité.
** Entretien réalisé par Margaux DHUICQ et Martin LE TALLEC.
*** Utilisation du masculin pour alléger le texte.
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