Corée du Sud : portrait d’un Dragon d’Asie

Longtemps restés dans l’ombre de puissances régionales telle que la Chine ou le Japon, les Dragons d’Asie brillent aujourd’hui par leur modèle de croissance unique et novateur. La Corée du Sud fait partie de ces quatre territoires émergents qui représentent l’avenir économique de la région Asie/Pacifique.

Quelques données géographiques et démographiques. Situé au sud de la péninsule coréenne, le pays n’a qu’une seule frontière terrestre : le 38ème parallèle, le séparant de la Corée du Nord et marquant une zone démilitarisée de 4 km. Avec une superficie de presque 100 000 km2 et une population de plus de 48 millions d’habitants, la Corée du Sud atteint sans peine la 12e place dans le classement des puissances économiques mondiales.

Certains facteurs de développement ont été décisifs. L’aide monétaire de l’étranger a d’abord joué un rôle modernisant pour les infrastructures du pays (écoles, universités, usines, laboratoires...). Puis l’avantage concurrentiel du pays (une main-d’œuvre qualifiée et peu coûteuse) est venu confirmer ces premiers progrès. Cette main-d’œuvre, abondante - grâce à la natalité et au progrès médical - jointe à l'afflux d'émigrés, a en effet permis de constituer une force de travail bon marché et efficace. Sur ce dernier point, il faut souligner le respect particulier de la hiérarchie par la population et l’influence du confucianisme dans son comportement (disciplinée et acceptant de lourdes contrainte). Enfin, le recours systématique des grandes firmes à des sous-traitants locaux (PME nationales) permet aux capitaux de rester dans le pays et d’être réinvestis localement par la suite.

Une économie grandissante. Les secteurs de l’automobile (avec Kia ou Hyundai, par exemple) ainsi que de l’électronique (employant 70% de la main-d’œuvre du pays), sont des secteurs clefs en Corée du Sud. Des domaines porteurs qui amènent la 12ème puissance économique mondiale à 2,8% de croissance en 2016 avec une dette nationale représentant environ 35,5% du PIB. Notons toutefois que si l’endettement national est plutôt faible, l’endettement personnel des coréens, lui, reste proche de 160% du PIB national ! Un chiffre qui nous permet de confirmer que la Corée du Sud a développé son économie sur l’ultra-consommation, ce qui a eu du bon (un statut incontestable de Dragon d’Asie) ... comme du moins bon (les remboursements de prêts aux particuliers s’étendent maintenant sur plusieurs générations...).

Une politique étrangère incertaine. Forte de son nouveau statut de Dragon, la Corée du Sud a été le premier pays émergent à accueillir, en 2014, un sommet international : le G20 de Séoul. Mais parallèlement, si le pays prône le libre-échange et les rapprochements commerciaux avec ses partenaires économiques, il reste quand même particulièrement dépendant de ces derniers.

Une relation intercoréenne complexe. A cela s’ajoute une relation diplomatique particulièrement tendue avec la Corée du Nord qui est sortie du Traité Contre la Prolifération des armes nucléaire (TCP) en 2003, et menace depuis ses voisins avec ses tests de tires de missiles intercontinentaux. Le pays de Kim Jong-un ne cesse d’inquiéter et de s’opposer à la Corée du Sud. Des événements qui ont même poussé la Ministre française des Sports et ancienne médaillée olympique, Laura Flessel, à partager son inquiétude et à déclarer « qu’aucune équipe de France » ne sera mise en danger aux prochains JO d’hiver de février 2018.

La naissance de nouveaux pays concurrents ? La réussite des Dragons d’Asie, aujourd’hui liée à une politique volontariste et aux investissements étrangers, se conclue par une intégration quasi-totale de ces pays dans l’économie mondiale. Mais ce modèle de développement a présenté de nombreuses limites à tel point que, de nos jours, les experts se demandent si les Tigres d’Asie (Thaïlande, Indonésie, Viêtnam & Indonésie) n’impulseraient pas une nouvelle et meilleure dynamique de croissance à l’échelle régionale. Inquiétant bestiaire ou magnifique coexistence d’animaux indomptables ?

Margaux Dhuicq